Caravane d'Afrique, click for home. Page accueil: cliquer.

Arts, spectacles et rencontres culturelles : du nouveau à chaque escale.

Angélique Kidjo et Amtha Kol ont partagé la scène au Printemps de Bourges.
Angélique Kidjo et Amtha Kol ont partagé la scène du Printemps de Bourges avec un éloge au tissu-pagne.

Angélique Kidjo interviewée dans la Caravane d’Afrique d'Amtha Kol sur RCF, rappelle que les cultures africaines ont influencé toutes les musiques du monde.

Angélique Kidjo et Amtha Kol ont partagé la scène du Printemps de Bourges avec un éloge au tissu-pagne.

Angélique Kidjo interviewée dans la Caravane d’Afrique d'Amtha Kol sur RCF, rappelle que les cultures africaines ont influencé toutes les musiques du monde.

Entretien avec Angélique Kidjo au micro d'Amtha Kol pour RCF

L'entretien qui suit est extrait de l'émission Caravane d'Afrique du 20 mai 2014 sur la radio RCF où Amtha Kol a restitué l'ambiance électrique qui règne en "live" sur un plateau de concert de cette grande dame de la chanson béninoise que nous allons écouter.

Amtha Kol explique que quand elle a eu la joie de découvrir Angélique Kidjo pour la première fois sur scène, "ça vous soulève de votre siège, ça vous donne la chair de poule, Angélique Kidjo".

Puis elle poursuit : "Angélique Kidjo, que j’ai eu l’honneur de rencontrer sur la scène du Printemps de Bourges en concert le 25 avril 2014, on s’est retrouvé côte-à-côte pour chanter et célébrer le pagne, les boubous africains. Angélique Kidjo qui m’a fait l’honneur également de me recevoir dans sa loge où je lui ai arraché quelques mots d’interview."

Amtha Kol : Angélique Kidjo qui m’a fait l’honneur également de me recevoir dans sa loge où je lui ai arraché quelques mots d’interview.
Amtha Kol : Angélique Kidjo m’a fait l’honneur également de me recevoir dans sa loge où je lui ai arraché quelques mots d’interview.

Début de l'entretien du 25 avril 2014 réalisé dans les loges du Printemps de Bourges.

Amtha Kol : "Bonjour Angélique Kidjo !"

 

Bonjour Madame !

Je suis très émue et enchantée de me retrouver, comme ça, propulsée par votre énergie sur la scène où je me suis retrouvée spontanément à danser ...

 

C’était super !

Et à célébrer les pagnes…

 

Les pagnes de chez nous, là ! Les boubous, les boubous de chez nous, là ! (sourires)

Moi j’écoutais Angélique Kidjo, j’entendais Angélique Kidjo, j’étais haute comme ça, je crois que je ne suis pas très grande non plus.

 

Moi, non plus ! (rires !) Au niveau taille, on n’est pas loin.

De loin, je vous connais, Angélique Kidjo, la grande chanteuse africaine, pour ne pas dire béninoise, porte-flambeau de la musique et de la culture africaine. Je m’autorise de le dire. Je vous ai écouté tout-à-l’heure. J’ai eu la chair de poule. Et je vous ai entendu parler également de Myriam Makeba. Je vous ai entendu chanter Bella Bellow et vous avez rendu hommage à la femme, les femmes leader en Afrique. Est-ce que dans la culture aujourd’hui, au stade où vous en êtes, Angélique Kidjo, quel regard posez-vous sur la culture africaine et plus précisément sur la femme africaine qui embrasse ce métier-là ? J’imagine que ça n’a peut-être pas été simple dans les parcours !

Ce n’est toujours pas simple. Ce n’est jamais simple. Quand on vient de l’Afrique tout devient compliqué, parce qu’on vient avec des clichés qui sont déjà dans l’imaginaire des gens, qui ont été mis dans l’imaginaire des gens par les colonisateurs et les esclavagistes, parce que c’est une façon aussi de se dédouaner de ce qu’on a fait aux autres. Donc, il faut se battre contre les clichés, mais en même temps il ne faut pas non plus s’appesantir dessus. Il faut les écouter, laisser les gens penser ce qu’ils ont envie de penser, d’avancer et de définir sa propre trajectoire, sa propre histoire.

Quand je suis arrivée en France, je suis arrivée avec la culture de mon continent, de mon pays et avec les femmes d’Afrique qui m’ont nourri : ma mère, mes grand’mères, mes tantes, mes cousines et toutes les femmes d’Afrique. Partout où je vais, j’ai un plaisir énorme à partager un moment avec elles, à parler avec elles, à apprendre à redevenir cette petite fille qui courrait dans la cour et partout avec les adultes, parce qu’un enfant ce n’est pas que les parents qui l’élèvent en Afrique. C’est aussi toute la rue ; c’est l’affaire de tout le monde.

C’est ça qui fait de moi l’artiste que je suis aujourd’hui et qui fait que quand je célèbre la femme africaine, je sais de quoi je parle. Moi, ce que les femmes africaines m’ont apporté, c’est justement cette fierté d’être debout, de se tenir debout et de se tracer un chemin et d’y arriver sans pour autant mettre en danger son intégrité corporelle ou intellectuelle et sans non plus mettre en danger son identité culturelle et son identité.

Les cultures africaines sont très riches. Nous les Africains, nous n’en sommes pas suffisamment fièrs. Les cultures africaines ont influencé toutes les musiques du monde.

Tout-à-fait !

Sans les musiques d’Afrique, on n’aurait pas le rock 'n' roll, on n’aurait pas le r’n’b (Rythm and blues), le blues. Toutes les musiques, quand on écoute, il y a un fil conducteur qui nous ramène en Afrique.

Vous avez parlé du rock, du blues et tout le reste. Je rebondis là-dessus en parlant de cet événement que j’ai mis en place, qui s’appelle la Caravane d’Afrique. Peut-être que j’aurais du commencer par là en me présentant, parce que moi je vois qui est Angélique Kidjo. Je suis d’origine togolaise, ma mère du Ghana et moi-même je suis chanteuse et entrepreneur de spectacles, dans l’organisation d’événementiels. Justement, j’ai mis cet événement en place dont nous sommes à la 4e édition cette année. Votre compatriote du Bénin, Tohon Stan, nous fait l’honneur d’être là pour la 2e année consécutive. Fôô Fanick aussi du Bénin, et Manu Dibango qui fera sa participation exceptionnelle cette année également. Donc, dans le concept de la Caravane d’Afrique, on se dit : quand on parle du jazz, du blues, du rock, on voit tout de suite ce que c’est, on connait les enfants, mais on ignore la mère. Je suis allée remuer les racines elles-mêmes, qui montrent l’état naturel, si je peux me permettre de dire cela, peut-être même brute, de la musique africaine ou juste la voix, la percussion suffit, et le corps se met en mouvement. Je vous ai vu aussi tout-à-l’ heure jouer le …

 

Le cajón

Angélique Kidjo adore le cajón.

Amtha Kol : "Et vraiment, je me suis dit, ça c’est vraiment la racine vivante de la musique africaine !"

(rires approbateurs d'Angélique Kidjo) J’adore le cajón. J’adore cet instrument. C’est un mélange. C’est l’apport des Latinos à la musique africaine, la synthèse des percussions africaines mis dans un truc. Et on le joue. Quand on joue le cajón sur le côté, ça a un son différent. Ça rappelle les petits tambours très aigus de chez nous. Quand on jouer devant on a un peu le son de la sanza, mélangé avec des « percu ». C’est pourquoi j’aime beaucoup le cajón, parce que pour moi, c’est la flexibilité de la musique, de la culture africaine quand elle rencontre d’autres cultures.

C’est-à-dire qu’on rencontre toutes les cultures dedans, mais en même temps cette culture africaine est flexible suffisamment pour que chacun de nous, nous puissions nous exprimer et exprimer notre identité dedans. C’est ça qui fait que la musique africaine est ce qu’elle est aujourd’hui et voilà, quoi.

Angélique, nous sommes sur la radio RCF, et sur cette radio j’ai une tranche d’émission réservée exclusivement à la musique africaine, à la culture africaine. J’ai profité de votre passage au Printemps de Bourges pour voir votre spectacle et pour vous arracher quelques mots, que vous avez été gentil de m’accorder. Tous les Africains dans la Nièvre vous écoutent.

 

(Rires d’Angélique Kidjo)

Vous avez un message particulier ? Parce que je sais que vous êtes très appréciée et vous êtes un reflet pour les générations à venir. Nous, ou bien les générations à venir, qui essayons d’embrasser aussi, et de faire aussi ce chemin dans la musique, dans la culture, où ce n’est pas facile, ce n’est pas évident. Qu’est-ce que vous pouvez nous laisser comme message, nous envoyer comme message ?

Moi, ce que je dis souvent est que, si nous les Africains nous ne soutenons pas les artistes africains, nous ne nous présentons pas à leurs concerts et que nous pensons que ce sont les autres qui vont être là pour nous, on a tout faux. La force des musiciens qui sont dans ce pays, qui sont français, c’est parce que les Français viennent à leurs concerts. Les Sénégalais se mobilisent souvent aussi autour de leurs artistes. Il faut décloisonner la musique. Quand c’est un Sénégalais qui joue, il faut venir. Quand c’est un Guinéen qui vient, il faut venir. Quand c’est un Malien qui vient … Tous les Africains doivent venir soutenir toutes les cultures qui viennent d’Afrique. Pour montrer sa viabilité il faut célébrer cette musique-là, pas seulement en Europe, mais en Afrique aussi. Que nos radios et nos télévisions soient au service de ces jeunes talents qui sortent. C’est vrai qu’il y a cette tendance de musique que tout le monde écoute la même chose partout. La diversité des cultures d’Afrique doit être entretenue, maintenue, soutenue par les Africains eux-mêmes.

Angélique Kidjo : Les enfants du monde, c'est le rôle de tout un chacun de nous !

Vous êtes ambassadrice de l’Unicef et je suis très enchantée moi-même, en tant que personnalité amie de l’Unicef, pour le département de la Nièvre, qui arrive sur la fin de mon mandat. Quel est votre regard sur les enfants du monde ?

Les enfants du monde, il faut qu’on arrive, dans ce monde de technologies qui évolue très vite, à préserver leur innocence, à les aider à grandir par étapes et à créer des adultes plus responsables pour le futur. Et ça, c’est le rôle de tout un chacun de nous.

Merci, Angélique Kidjo. Pour en finir, je vous transmets un petit message qui vous permet d’aller sur le site de la Caravane d’Afrique à caravanedafrique.com, pour voir le travail qui est en train de se faire, notre goutte d’eau dans la mer, ce qui est important pour pouvoir faire valoriser la culture africaine. J’aimerais retrouver aussi une invitation à Angélique Kidjo, pour peut-être des éditions à venir sur la Caravane d’Afrique ?

Oh, ça dépend toujours du temps, hein ? Moi, mon planning, c’est mon problème. Le calendrier, c’est toujours « booké » au moins un an à l’avance. C’est cà le problème souvent. Si j’ai le temps, si je suis libre, il n’y a pas de problèmes.

En tous cas, merci Angélique. A très bientôt.

 

Au revoir !