Participants et invités de la Caravane d'Afrique

Personne de nos jours ne doute du fait que le jazz, le reggae, le gospel ou le blues sont des genres musicaux dérivés, ou des enfants, des rythmes africains. Mais on constate aussi, aujourd’hui, que ces dérivés des musiques africaines ont tendance à être plus connus, et appréciés au plan mondial, que les racines elles-mêmes. Ceci a fini par créer, une situation paradoxale que la programmation de la Caravane d’Afrique, qui en est à sa 4^e édition en juin 2014, travaille à résoudre.

Les enfants issus d’une union de ces musiques avec celles des cultures autres ou plurielles

Quand on aime la musique gospel, le jazz, le reggae ou le blues par exemple, le bon sens commanderait de reconnaître aussi et d’apprécier, à leur juste valeur, l’Afrique et son patrimoine musical. De même, si on aime l’Afrique et ses musiques originelles, on devrait aimer les enfants éventuellement issus d’une union de ces musiques avec celles des cultures autres ou plurielles.

Pour prendre une image simple, imaginons un fiancé qui se préparerait à convoler en justes noces avec une jeune mère célibataire dont il serait follement amoureux. Quel est le fiancé qui se marierait, en cherchant à jeter par-dessus-bord les enfants de sa moitié adorée ?

Au fil des siècles, ces racines ont poussé en de nouvelles terres

Quand, pendant des siècles, des trafiquants de tous poils sont venus arracher de leur terre des jeunes hommes et femmes dans la vigueur de l’âge, au nom d’un esclavage transatlantique, ils les ont kidnappés en ne se doutant pas que toutes les graines immatérielles et leurs racines culturelles, y compris musicales, allaient les suivre.

Au fil des siècles, ces racines ont poussé en de nouvelles terres, dans la souffrance et l’espoir de la liberté des lendemains qui chantent avec dignité et pardon, pour créer de la musique avec des accents de sincérité et de partage de ce qui nous lie désormais.

C’est ce travail que j’ai entrepris, à la Caravane d’Afrique, en allant remuer les racines elles-mêmes de ces musiques pour mieux les confronter à leurs descendants. Je me suis sentie très à l’aise sur l’arrangement de Jacques Bolognesi sur mon titre Kuede (album Surprise,) parce qu’à travers ses touches, j’ai ressenti avec force ces sonorités afro-jazz, comme une mère, même les yeux bandés, reconnaitrait d’emblée ses propres enfants, »

précise Amtha Kol, avant de poursuivre :

La Caravane d’Afrique, loin de ce qu’on pourrait penser, n’est pas arrêtée sur une carte géographique spécifique, un groupe social ou ethnique particulier, une couleur de peau ou une autre, mais est mobile par définition et part de ses racines à la recherche et à la rencontre de toutes ses musiques dérivées, qui sont en quelques sorte, ses enfants légitimes. »

Rappel

C’est Jacques Bolognesi, qui a réalisé les arrangements du titre Kuede d’Amtha Kol.